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Corée nomment Taymutto. Elle leur appartenoit autrefois ; mais, par un traité de paix fait avec ceux du Japon, ils l’échangèrent contre celle de Quelpaerts.

Du costé du couchant, ce royaume est séparé de la Chine par le golfe de Nanquin (Hoan-kaï ou la Mer Jaune), mais il y touche du costé du Nord, par le moyen d’une longue et haute montagne, qui empêche que la Corée ne soit une île. Il n’est bordé, du costé du Nord-est que par une vaste mer[1], où l’on trouve tous les ans une grande quantité de balaines, et dont une partie porte encore les crocs et les harpons des François et des Hollandois, qui vont ordinairement à cette pesche. On prend là aussi beaucoup de hareng en décembre, janvier, février et mars ; celuy qu’on pesches pendant ces deux premiers mois est gros comme celuy de Hollande, mais celuy qu’on prend après est plus petit, et ressemble à celuy que nous appelons hareng à frire, et qu’on mange en mars et en avril. D’où nous inférons qu’il y a assurément un passage entre la Corée et le Japon qui répond au détroit de Vaygats[2] ; sur quoy, nous avons souvent demandé aux matelots de Corée qui fréquentent la mer du Nord-est, quelles terres étoient au-delà, et ils nous ont tous répondu qu’ils ne croyoient pas qu’il y eût autre chose de ce côté-là qu’une mer sans bornes.

Ceux qui vont de Corée à la Chine s’embarquent au plus estroit du golfe, car le chemin par terre est trop incommode à cause de la difficulté qu’il y a de traverser la montagne, et surtout en hiver, parce qu’il y fait fort froid, et qu’en été on y trouve une quantité de bêtes farouches. Il est vrai qu’il est aisé de faire le trajet du côté du nord en hiver, parce que le golfe gèle ordinai-

    est rétréci jusqu’à dix lieues par des rochers qui, depuis l’île de Quelpaert, ne cessent pas de border la côte méridionale de la Corée. » Voyage de La Pérouse, t. 3, p. 28.

  1. La Méditerranée dite Mer du Japon.
  2. Les prévisions de Hamel se sont réalisées, car c’est en effet dans cette direction que Behring a découvert, en 1728, le détroit auquel on a donné son nom, et qui forme en effet le pendant du détroit de Vaigats, lequel sépare le continent européen de la Nouvelle-Zemle.