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mand, le lithuanien, l’ancien slave, le russe, le polonais, l’illyrien, possèdent un nom commun, analogue à notre mot mer, pour désigner la mer. On peut déjà en conclure qu’un accord aussi général ne saurait être le résultat d’une transmission d’un peuple à l’autre, et qu’il doit remonter à l’origine de toutes ces langues, c’est-à-dire à une époque antérieure aux migrations aryennes. Si un mot germanique et un mot slave se rattachent à la fois aux sens de mer et d’occident, on peut à la rigueur supposer que la dernière acception leur a été donnée postérieurement à l’arrivée des Germains et des Slaves sur les bords de la mer occidentale. Mais on ne peut faire une supposition semblable à l’égard des Hindous, chez qui l’occident s’appellent varuni, c’est-à-dire la région de la mer, puisque pour eux la région de la mer est le sud et non l’occident ; on peut donc inférer de ces faits que la mer des Aryas était réellement à l’ouest de leur patrie.

Si nous ajoutons que l’Avesta place le fameux mont Hara barezaiti à l’est de l’Airyana vaeja, tous les éléments du problème à résoudre se trouveront posés, ou plutôt le problème sera résolu pour tout lecteur qui a bien voulu nous suivre, et qui jettera les yeux sur une carte de la région de l’Asie où nous l’avons conduit. La mer près de laquelle les Aryas primitifs ont vécu ne peut être en effet que le lac Balkach, aussi appelé lac Tenghiz ou mer de Dzoungarie, qui n’est qu’à environ cinq cents kilomètres au nord-est du Syr-Daria ou ancien laxarte, pris à la hauteur de la ville nommée Turkestan, et située à quelques lieues de la rive droite de ce fleuve, vers le tiers septentrional de son cours. L’Airyana vaeja était donc la partie du Turkestan russe actuel qu’on nomme