Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 12.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 132 —

par « ponts » et Windischmann par « routes ». De ces trois traductions, celle de VVindischuiann nous parait celle qui satisferait le mieux aux exigences du contexte. Le vara aurait dans ce cas été traversé par neuf routes ou rues, longues d’environ 60 kilomètres chacune, éloignées les unes des autres d’environ 3 kilomètres, tracées horizontalement dans le sens perpendiculaire à la direction de haut en bas du vara, et une centaine de ménages ou de maisons auraient été réparties sur toute la longueur de chacune de ces rues. On peut à la rigueur admettre une pareille disposition, qui serait très-favorable à l’exploitation agricole, mais peu capable de favoriser les relations sociales des habitants de la colonie. Aussi nous rangeons-nous de préférence à une quatrième opinion qui nous a été inspirée par M. Léon Rodet. L’adjectif sanscrit prthu signifiant « large, étendu », il est permis d’admettre le sens d’étendue pour le nom zend perethu, et c’est précisément le sens de notre mot place, du latin platea et du grec πλατεια. Nous pensons donc que les 18 perethu du vara étaient 18 places publiques autour de chacune desquelles Yima installa une centaine de ménages ou de maisons. En d’autres termes Yima a réparti, dans l’intérieur du vara, 18 villages possédant chacun 200 kilomètres carrés de terre, à raison de 2 kilomètres par famille de cultivateurs, puisque le vara avait 3.600 kilomètres de superficie ; et il put ainsi favoriser les relations sociales, sans nuire à la facilité de l’exploitation agricole.

Quelle que soit d’ailleurs la façon dont Yima ait installé ses 1.900 ménages, le verset 91, répété textuellement par le verset 127, dit qu’il fit cette installation avec le çufra, et nous insistons sur les deux points suivants : la phrase