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bruyante, on aurait un second genre, le genre souffler.

Les râclements, les déchirements, les coups, les heurts, les craquements, accompagnement ordinaire des actions pourfendre, frapper, irriter, tuer, etc., auraient leurs représentants syllabiques réunis sous un seul chef et composeraient le genre détruire.

Crier, Souffler, Détruire, résumeraient ainsi toutes les onomatopées, toutes les peintures orales des actions bruyantes, toute la classe BRUIRE en un mot.

Jusqu’ici, rien que de fort simple, et telle est la puissance significative de l’onomatopée qu’elle a été reconnue de tout temps. Mais, si l’imitation orale du bruit qui constitue, caractérise ou accompagne certaines actions, rend parfaitement raison de l’existence d’un certain nombre de verbes simples (non dérivés, non conjugués), il faut bien reconnaître que cette seule loi de création, quoi qu’en ait dit G. de Humboldt, ne suffit pas à expliquer la naissance de la majorité des monosyllabes verbaux primitifs.

Quel est donc le principe générateur de la plupart des verbes simples dans la parole aryenne ? Voici comment, — il y a vingt ans de cela, — j’arrivai, de proche en proche, à la solution de cette question.

J’avais affiché dans mon cabinet de travail, pour les avoir constamment sous les yeux, les quelques trois cents racines verbales sanskrites auxquelles peuvent aisément se ramener toutes les autres dans la même langue. J’étais parvenu à mettre de côté une cinquantaine d’imitations de cris, de souffles et de bruits de destruction (onomatopées). J’entrepris de classer le reste d’après les deux éléments de classification qu’offrent nécessairement tous les monosyllabes en vie, leur sens et leur son, leur signifi-