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Au demeurant, j’ai insisté sur la double loi de création des verbes simples dans la parole aryaque, parce que « c’est l’œuvre de la science, œuvre infiniment délicate et souvent périlleuse, de deviner le primitif par les faibles traces qu’il a laissées de lui-même. La réflexion ne nous a pas tellement éloignés de l’âge créateur que nous ne puissions reproduire en nous le sentiment de la vie spontanée[1]. »

Souvent, dans mes cours publics, j’ai essayé de montrer pratiquement combien la parole est indispensable à l’histoire embryogénique de la parole. J’avais soin de faire la part de l’art et celle de la science ; mais j’étais surtout préoccupé des dangers qui pouvaient provenir de l’abus de l’élément purement subjectif dans ces questions d’ailleurs si intéressantes. Aussi bien me hâtais-je, comme je me hâte encore aujourd’hui, de rentrer dans l’enceinte des faits considérés dans leur ensemble, dans leur synthèse.

Or tout le monde peut refaire la synthèse des monosyllabes verbaux aryaques qui ne sont pas des onomatopées, et s’assurer que, sous le rapport du sens, ils se répartissent tous en deux classes :

La classe Poser-Fléchir-Serrer, que, pour plus de concision et à cause de l’élément commun qui est au fond des trois idées, j’appellerai souvent la classe PRESSER tout court.

La classe Aller-Étendre-Répandre, que, pour les mêmes raisons, je nommerai la classe TENDRE.

Les trois termes génériques Poser, Fléchir, Serrer résument toutes les variétés d’effets de l’effort compressif, comme les trois signes Aller, Étendre, Répandre repré-

  1. Ernest Renan, Études d’Histoire religieuse, p. 219.