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rencontrer si souvent l’individualisation de fléchir-courber en être creux, être concave ou en être arqué, être convexe. Une chose vous frappera, c’est que la plupart des monosyllabes verbaux portant en soi cette individualisation de l’idée fléchir, ont pour base une explosive gutturale, soit mâle (K), soit femelle (G). Rappelez-vous KU, KUK, sanskr. Kuç, et Kus, KUp, KAp, KṚ et SKṚ, KUdh, KUbh ou KUmbh, GHA, GU, GAR, que tout humaniste reconnaîtra aisément dans κυαρ, κυπαρος, κυπελλον, κυμβος, κυβη, κυτος, κυτις, κευθος, κυαθος, etc., etc., et dans cavus, d’où cavare (cav est un simple guné de KU), cavea, caverna, cupa, etc.

2. — Un rapport nouveau, celui d’un objet autour duquel ces courbes se resserrent (les doigts de la main, par exemple), donna le sens particulier de tenir, dont l’inchoatif est prendre et le causatif donner, ce qui fait de prendre et de donner deux individualisations de tenir, comme acheter (achepter, rac. CAp) individualise prendre et vendre, donner. On se souvient de KAbh goth. HAban, angl. have, all. haben, lat. (par métathèse du H) HAbere, et de KAp, goth. HAfjan, lat. CApere, prendre, avec sa nombreuse famille, où l’on voit coup sur coup se reproduire tantôt l’idée être creux avec celle de CApacité, tantôt celle de couvrir, protéger, garder.

3. — Si à ce tenir vous ajoutez un autre rapport, celui du poids ou du sentiment de la résistance contre la tendance à la chute de l’objet tenu, vous individualisez ce même tenir en porter, soutenir, supporter. Ainsi de BHAR ou BHṚ, sanskr. bhṛ, gr. φερ-ω, lat. FER-re, goth. bair-an, angl. bear, russ. ber-u, dont le sens premier fut fléchir-courber, comme nous le verrons tout à l’heure à propos de la forme secondaire BHPg, d’où BHAg et BHUg, fléchir, courber, tourner. Ainsi de DHAR