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ou DHṚ, fléchir, courber sk. dhṛ (dharati), s’individualisant en DHAR, porter, prendre sur soi, sk.dhṛ, et cette terminaison si fréquente —dharas, —dharû, — dharam, qui porte, qui est muni de ; le sens de prendresur soi ou d’oser, le seul qui soit resté aux dare et deer anglais, au thier allemand, aux ferus, fera du latin, se retrouve encore dans la forme dérivée DHARks ou DHRAks, sk. dharṣ ou dhṛṣ, gr. θάρσος, θράσος, θαρσὔς, θραὗς, lith. drasus, brave, audacieux, fier (ferus), osé, sans préjudice du sens direct porter, comme dans angl. drag, all. tragen. Ainsi, enfin, de GARbh ou GRAbh, sk. garbh — et grah, lat. gerere, d’un primitif GṚ courber, fléchir. J’oubliais à la fois et WṚ, courber, entourer, garder, etc., avec all. wehren, garder, et angl. wear, porter, et εν-εγκ-ω, d’où ην-εγκ-α, j’ai porté, du verbe Ak ou Ank pour ṚK, courber.

4. — Le moindre coup d’œil jeté sur les lignes de cette case ou de cette hutte, de cette cape ou de ce chapeau, vous expliquera la particularisation du sens de fléchir, courber en celui de couvrir, garder, protéger, d’où, comme ultième individualisation, conserver, sustenter, nourrir. Ainsi ce PA, fléchir, tordre, sk. que l’Hindou vous offre encore dans son pâpas, pâpâ, pâpam, tortu, pervers (κακος, κακη, κακον), vous le retrouverez tantôt avec la signification de garder, protéger, tantôt avec celle de protéger contre la faim ou la soif, nourrir, abreuver, boire. M. Spiegel (Zeitschrift de M. Kuhn, XIII, p. 370) a fait une observation analogue à l’endroit du verbe SAR qu’il a montré dans sa forme dérivée SARw sanskr. sarva, gardé ou conservé dans son intégrité, complet, entier, d’où sarvatâti, salut, zend haurva, haurvatât (avec h = s comme en grec), gr. ὸλϝος, ὸλϝοτητ —, lat. servus et salvus, salut—, tantôt