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courbes)[1]. Si PṚ, fléchir, courber, frère de PA, a donné par sa forme secondaire PṚks ou PRUks (Cfr. sk. pṛṣta pṛṣni pârçva, etc.) le germanique FLUg, représenté en allemand par fliegen, autrefois, fliugan, et en anglais par fly ; d’un autre côté, la racine WṚ, sk. vṛ, d’où WṚt, tourner, si répandu dans notre langue, grâce au lat. VERtere, a fourni aux latins leur VOLare devenu notre VOLer. Une dernière individualisation de ce courber-tourner, c’est tourner le dos, fuir. Ce fuir lui-même, en latin FUgere, n’est qu’un BHUg aryaque et sanskrit identique à BHṚg, forme intensive de BHṚ fléchir, courber, et signifiant aussi fléchir, courber, comme l’allem. biegen pour biugan. C’est à PRUk fils de PRU=PṚ, et dont nous venons de voir dans PRUks[2] la forme désidérative, que l’Allemagne doit son FLUh, d’où fliuhan, all. fliehen, angl. flee, tourner le dos, fuir. Souvenez-vous du τροπη grec.

6. — Et ces courbes de la bouche ou de la gueule, ces creux ou ces gouffres vivants qui saisissent et engloutissent ne sont-ils pas encore là pour expliquer comment des verbes au sens premier de fléchir-courber se sont individualisés en engloutir-dévorer Que les sanskritistes se rappellent ici la valeur de fléchir-courber propre à GAR, GIR, GUR, soit dans gari ou giri, montagne, soit dans, garu ou guru, qui fait fléchir, lourd, GRAVe, soit

  1. Parfois l’oiseau se précipite et semble tomber ; voilà pourquoi voler se dit aussi par PAt, se précipiter, tomber, comme nous le verrons en son lieu.
  2. N. B. Pruks : pruk ::praks : prak=πλεκ-ω ; et pruk : pru ::prak ; pra ; pru et pra étant des formes gunées ou renforcées de pṛ. Praks est reproduit en latin par plect-ere, flect-ere et — plect-i