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par des postpositions. Le nombre des cas possibles est par suite indéfini, et il n’y a rien d’étonnant à l’existence de ces prétendues flexions multiples : ne dit-on pas en français par devers, etc. ? On lit ces brochures avec le plus vif intérêt et on y apprend beaucoup de choses ; mais l’auteur est trop porté à la complication, et plusieurs de ses hypothèses semblent très hasardées.

M. de Charencey compare le basque aux langues de l’Oural et aux idiomes américains ; il inclinerait de préférence pour la parenté avec ces derniers. Mais les analogies remarquées ne sont pas assez concluantes[1]. Il me semble que la seule chose qu’elles puissent nous apprendre c’est, sinon la contemporanéité absolue du basque et de ces diverses langues, au moins leur existence chez des peuples parvenus au même degré de civilisation, sans doute à des époques différentes. En étudiant le basque pour pouvoir le comparer avec le tamoul, je suis confirmé dans cette manière de voir par mes premières observations : le tamoul ressemble au basque par la faculté de verbiser les noms et de substantiver les verbes ; l’emploi dans certains cas d’un pluriel double au lieu du pluriel simple ancien devenu le singulier honorifique (suek et su « vous » des Basques) ; des constructions de phrases identi-

  1. Ce travail était terminé depuis plus de deux mois lorsqu’on m’a communiqué la nouvelle brochure de M. de Charencey sur « les affinités de la langue basque avec les idiomes du Nouveau-Monde. » Les conclusions de l’auteur sont : 1o que le basque et les langues américaines (groupe algique) sont parents et forment la souche vasco-américaine ; 2o que le type primitif vasco-américain est perdu, ce que l’auteur explique par des mélanges de diverses races, des croisements, etc. La parenté du basque et des langues algiques ne me semble nullement prouvée par les analogies indiquées par M. de Charencey ; on en trouverait peut-être davantage entre le basque et les idiomes dravidiens ou entre ceux-ci et les langues de l’Amérique. Les conclusions de cette intéressante brochure me semblent donc au moins prématurées.