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à de bons résultats, et des hommes qui ont fait du basque comme ils auraient fait de l’alchimie ; qui se sont amusés à cette étude, parce que ceux qui s’en occupent sont bien vus dans le pays, ou parce qu’elle est peu courue ; qui, après avoir découvert du fond de leurs cabinets les singularités d’une foule d’idiomes plus ou moins inconnus, ont monté un échelon et ont fait du basque l’objet de leurs lumineuses élucubrations accompagnées d’un perpétuel étalage de mots aussi longs qu’ignorés du vulgaire ; qui enfin ne se doutent pas qu’il est besoin pour être philologue d’une certaine aptitude naturelle, et qu’on ne peut faire de travail sérieux sur une langue qu’après en avoir étudié plusieurs, c’est-à-dire après s’être éclairé sur la vraie nature du langage et les principes de la grammaire générale. Que dire de ces derniers ? Leurs noms ne figureront pas sur la liste des savants qui auront élucidé le problème du basque ; ils auront travaillé sans avoir acquis la moindre gloire, et l’on sait que

Celui qui sans la gloire a consumé ses jours
Ressemble à la fumée, à l’écume incertaine :
Sa vie emportera les traces de son cours.

(Dante, l’Enfer ch. xxiv, v. 49 à 51.)

La plupart des Basques qui écrivent sur leur langue sont prêtres ; c’est assez dire combien ils seront gênés dès qu’ils voudront tirer de leurs études des conclusions philosophiques ou historiques. J’ai cité plus haut la fin de la dissertation de M. Darrigol ; je vais rapporter ici quelques phrases de M. Inchauspé : « L’homme n’est pas un produit spontané de la nature matérielle ; il est l’ouvrage d’un Dieu créateur. Et Dieu l’a créé, comme tous les autres êtres, dans l’état de perfection qui est propre à la dignité de sa nature. Il l’a créé avec l’usage des nobles facultés qui en font le roi de la création ; il l’a créé avec la parole, sans laquelle l’in-