Notre texte comprend six noms abstraits en te ou tze, véritables infinitifs dont le locatif, obtenu à l’aide du suffixe n (en, dans), sert à former le verbe périphrastique. Ainsi, emate, donation, le donner, devenu ematen, en donation, en acte de donner, formera ematen du, il l’a en acte de donner, il donne. Ce du est la 3e personne du singul. du présent de l’indicatif du verbe avoir, racine u ; le d préfixé à cet u est à la fois un pronom (le, cela), complément direct du verbe, et le signe permanent du présent, comme on peut le voir plus haut, p. 386. En dehors du nom emate, le donner (ligne 10), les cinq autres formes infinitives sont iste syncopé de ichitze, le fermer (l. 2) ; jakite, le savoir (ligne 4), dont la racine aki est conjuguée plus haut, p. 386 : d-aki-t = le-savoir-je, je le sais, t représentant le sujet de la 1re personne, et d jouant le double rôle que nous lui avons reconnu tout à l’heure dans d-u = le-avoir-(il), il l’a[1] ; ezagutze, le connaître (ligne 6) ; egite, le faire (ligne 10) ; gordetze, l’abstention (ligne 13).
Dans, Jaun-goiko-ak, le seigneur suprême, Dieu, Jaun, seigneur, est une forme dialectique (Gipuzkoa) pour Yaun, seigneur. Tous ceux qui ont l’habitude de la phonétique espagnole reconnaîtront là le même phénomène que celui qu’on observe dans le passage du lat. justus à l’espagnol justo (avec la soufflante forte gutturale appelée la jota).
- ↑ Le Basque ne sait pas dire : je sais ; il dit : je le sais (dakit). On connaît l’habitude du Sémite, qui, à la 3e personne singul, de son parfait, ne met aucun représentant du pronom de la 3e personne ; ainsi fait le Basque : daki (il) le sait, du (il) l’a, etc.