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l’aryaque, n’est plus seulement une science en voie de formation. Il a suffi de cinquante ans à la méthode historico-comparative pour en tracer toutes les grandes lignes. Mais beaucoup moins avancée est la reconstitution des familles naturelles des vocables et la classification physiologique de leurs racines ou chefs de famille. La cause en est, si je ne me trompe, dans l’absence complète, chez les fondateurs de la science nouvelle, de toute idéologie positive. Préoccupés surtout de l’organisme du mot et des lois phoniques qui régissent ses transformations, ils ont négligé les lois qui président au devenir des idées ou des images incarnées dans ces corps syllabiques. Ils n’ont pas créé l’histoire de la pensée en tant qu’elle constitue le fond substantiel du langage. Et pourtant, — nous le démontrerons, — en partant de l’observation attentive des faits, cette idéologie positive nous apparaît dans des lois non moins sûres que toutes les autres lois naturelles. Le mot étant à la fois corps et âme, syllabe et idée, on verra comment une classification scientifique de tous les monosyllabes-verbes devient non-seulement possible, mais encore relativement facile et riche en rapprochements lumineux.

III



grammaire et syntaxe



Les mots, reconstitués à l’état de thèmes par la lexiologie, peuvent remplir dans la phrase des fonctions diverses. Ainsi, tel nom considéré par rapport à tel verbe, peut être successivement sujet (nominatif), objet (accusatif), but (datif), moyen (instrumental), point de départ (ablatif), etc., de l’action représentée par ce même verbe. De son côté, le verbe peut soutenir un cer-