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langues romanes, du français particulièrement en ce qui nous concerne.

On sait que la restitution d’une logique grammaticale a renversé cette singulière opinion, généralement répandue il n’y a pas si longtemps encore, que les langues novo-latines, grossier amas d’incorrections, n’étaient au fond que du latin parlé par des barbares. Est-ce à dire, et sans restriction, que l’analytisme du français, de l’italien, du valaque, etc., soit la conséquence immédiate et nécessaire du synthétisme latin ?.… En aucune façon. On ne peut admettre qu’à la dissolution de l’empire romain, le latin se soit fatalement développé en ces formes étymologiques et grammaticales qu’on appelle les langues romanes : en un mot, s’il n’y a pas eu corruption brutale, il n’y a pas eu non plus calme et simple évolution. L’évolution étant donnée dans ses lois fixes (contraction, chuintement, assimilation, principes de progression phonétique, etc.), arrivent les accidents. Mais, au bout du compte, les rameaux vivent de la même sève et les greffes de l’étranger n’ont sur eux qu’une influence secondaire. L’organisme a parcouru la carrière que son essence propre, que ses qualités premières, que sa constitution, pour tout dire, lui assignaient. Et telle est l’éternelle et inévitable chaîne par laquelle toutes choses sont liées dans le plus intime rapport, que la langue a répété sur son domaine l’œuvre historique, ou que plutôt l’évolution linguistique a concouru parallèlement à l’évolution des faits, d’après les mêmes lois et dans les mêmes proportions. À l’appui de mon dire, je rappellerai simplement notre législation actuelle, face nouvelle du droit romain, portant çà et là les traces des perturbations introduites par les prétendus barbares. Étant offert le champ de recherches, étant fixées les lois du devenir,