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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 1.djvu/72

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Quant au grec, nous n’avons pas besoin de dire qu’il a conservé le duel, et nous verrons plus tard dans quelle proportion.

Nous allons maintenant étudier séparément chacun des cas, en commençant par les cas directs à opposition ; mais auparavant nous devons dire quelques mots du vocatif qui a une position tout à fait isolée et particulière dans le système des désinences indo-européennes.

III. Le vocatif étant, comme son nom l’indique (vocare, appeler), le cas d’appel, d’invocation doit être aussi bref que possible, et cette brièveté n’a pas d’expression plus parfaite que le thème sans aucune désinence.

On trouve dans les langues indo-européennes un grand nombre d’exemples de cet emploi du thème intact ou ayant perdu sa voyelle terminale.

En sanskrit, le vocatif ne reproduit la désinence du nominatif que dans les thèmes monosyllabiques terminés par une voyelle : bhî-s, peur ; gaû-s, vache ; naû-s, navire, et dans les thèmes en as : manas. Dans les autres cas, il se contente du radical ou du thème simple : vâk, mâtar, marut, datta, etc.

En grec, nous trouvons le nominatif dans des mots tels que πούς, etc., et dans tous les vocables dont le nominatif est terminé par une lettre double (sauf ἄνα et ἄναξ) et le thème dans des mots tels que ῥῆτορ, πόλι, etc. ; et ce thème lui-même est affaibli dans παῖ pour παῖδ, dans ἵππε pour ἵππο, etc., etc.

Il faut bien remarquer que cet e n’est pas une désinence casuelle, mais seulement un affaiblissement du thème, lui donnant une forme plus interjective encore ; et M. Bopp a raison de faire remarquer dans sa Grammaire comparée (§ 205) que la langue vient toujours insister sur le mot qui sert à appeler, soit qu’elle allonge