fournies par l’observation, contrôlées par l’expérience et qui frappent avec l’implacable rigueur de la vérité. En linguistique, les systèmes préconçus ne sont désormais plus admissibles. Devant les faits de l’histoire du langage dans les diverses races humaines, les conjectures ethnologiques et philosophiques, faites si souvent à priori, tombent frappées par l’évidence, poursuivies qu’elles sont jusqu’aux dernières limites de la réalité ; car où les textes manquent, l’histoire naturelle des mots vient continuer son carnage des hypothèses dans ces temps immémoriaux où les premiers hommes de chaque race balbutiaient leurs impressions et leurs sensations, qu’on retrouve aujourd’hui dans la dissection des vocables.
De quel puissant secours est aujourd’hui cette méthode naturelle, cette science positive du langage, dans l’interprétation des textes les plus anciens et partant les plus intéressants ! Les expressions les plus obscures sont éclairées d’un jour nouveau. Le sens exact du mot est précisé d’une façon rigoureuse, l’équivoque ne peut plus exister, et si, dans les langues plus raffinées, un mot se prête à plusieurs interprétations, on se rend compte à présent de la cause de cette diversité, on suit le progrès de la pensée dans le mot lui-même, et l’on arrive à en fixer le vrai sens avec certitude.
Ne croyez pas cependant que ce travail soit un labeur écrasant et terrible. La linguistique n’est pas si effrayante, si ardue qu’on pourrait le croire. Pour la savoir, et s’en servir utilement, il faut surtout et avant tout être dégagé de tout préjugé scientifique ; il faut, comme dans toutes les sciences possibles, répudier la méthode à priori. Alors, l’esprit libre et sain, on apprend les lois plus simples et moins nombreuses qu’on ne pense de la