Maintenant quelques mots de critique et d’histoire sur l’ensemble du Rig-Véda.
Ce recueil d’hymnes d’une antiquité des plus reculées, contient les chants des Aryas qui, abandonnant la vallée de l’Oxus et du Yaxartes, traversèrent l’Hindou-Koh et vinrent faire paître leurs troupeaux dans la vallée de l’Indus. Ces chants sont de diverses époques et contiennent les impressions d’un peuple entier pendant plusieurs siècles. Par les images dont ils sont pleins, par les détails sur la vie sociale, sur la nature, qui y abondent, on suit l’émigration aryaque depuis une contrée boisée de l’Asie centrale jusqu’à la région gangétique. On assiste aux scènes de la vie pastorale un peu agricole d’une fraction de nos ancêtres. Dans ce monument, le plus antique que nous possédions, on retrouve les pensées, les désirs, les rêves des Aryas, frères des autres Aryas qui colonisèrent l’Europe, on y retrouve surtout les germes des mythes religieux des divers peuples aryens de l’Occident, mythes qui, d’une façon ou d’une autre, influent encore aujourd’hui sur notre civilisation moderne. Mais ce n’est pas ici le lieu, pour l’instant du moins, de rechercher la marche de ces mythes dans les divers rameaux de la race aryaque ou indo-européenne ; je n’ai à m’occuper que du Rig-Véda, dont les hymnes aux divers dieux de la nature remontent en moyenne à vingt mille ans. Cette date peut paraître bien exagérée, surtout eu égard à l’habitude qu’ont prise les indianistes de répéter l’opinion de Colebrooke qui, pour complaire et satisfaire à des préjugés religieux, ne fait remonter les hymnes védiques qu’à 12 ou 1400 ans avant Jésus-Christ ; mais un travail chronologique sérieux sur l’histoire de l’Inde ne permet pas à cette hypothèse biblique, si j’ose m’exprimer ainsi, de subsister