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peut conclure avec certitude que dans le yesht x, les extrémités de la terre désignent l’extrême nord, et que la Ranha est placée par ce yesht à l’extrême limite méridionale des pays connus des Éraniens avestiques, ou tout au moins aux frontières méridionales de leur empire. La Riyha ne peut donc être que l’Indus, le Tigre ou l’Euphrate ; et l’histoire de Vafrô navaza porte plutôt à croire que c’était le Tigre, sur le cours supérieur duquel aurait été située sa province ou satrapie, dans laquelle il se serait réfugié après un échec essuyé sous les yeux de son suzerain Thraetaona, en combattant le Babylonien Dahâka.

Nous savons que, suivant une certaine école, le combat de Thraetaona et de Dahâka serait toujours et partout la personnification de la lutte des éléments dans l’orage. Mais il n’en est pas moins certain que, dans les passages précités, Thraelaona et Dahâka agissent en rois ; que leur combat est ici la personnification de quelques épisodes de la lutte des Éraniens contre les populations anâryennes de la vallée du Tigre et de l’Euphrate dans les temps antérieurs à la réforme zoroastrienne, et surtout que ces passages donnent sur la géographie ancienne des renseignements que tout le monde a le droit d’interpréter, mais dont personne ne saurait nier l’importance. Du reste, le document fourni par le yesht x échappe à toute interprétation mythologique ; il suffit à lui seul pour montrer que la Rânha était située au sud de l’empire éranien, ce qui nous autorise à répéter que la conquête éranienne a suivi une marche constante vers le sud et que l’Airyana vaeja doit être cherchée au delà de l’Iaxarte.

Plusieurs causes ont contribué à tromper les savants sur