Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 12.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 105 —

l’auteur du yesht x nomme dans le verset 104, d’abord l’orient, puis l’occident, puis la Rânha, puis les extrémités de la terre. Or, pour les Éraniens avestiques comme pour les Hindous védiques, qui les uns et les autres se tournaient vers l’orient pour prier, l’orient était le devant, l’occident le derrière, le sud la droite et le nord la gauche. Comme le devant était plus noble que le derrière, et que la droite était plus noble que la gauche, les anciens Hindous nommaient toujours les quatre points cardinaux dans l’ordre suivant : l’orient, l’occident, le sud et le nord ; l’ancienne littérature sanscrite en fournil de nombreux exemples. En raison du peu de textes zends qui nous restent et de la nature des sujets qu’ils traitent, on s’explique que le passage en question du yesht x soit, à notre connaissance, le seul exemple d’énumération des quatre points cardinaux fourni par la littérature zende. On n’en est pas moins en droit d’affirmer que dans cette énumération, les Éraniens avestiques suivaient toujours le même ordre que les anciens Hindous, d’autant plus que les textes pehlvis montrent la persistance de cette habitude chez les Éraniens des temps postérieurs. Ainsi, dans le Boundehesch, chap. ii et chap. xi, les quatre régions de la terre correspondant aux quatre points cardinaux sont nommées dans l’ordre suivant : l’orientale, l’occidentale, la méridionale, la septentrionale ; et vers la fin du chap. v du même ouvrage elles sont énumérées ainsi : l’orientale, la méridionale, l’occidentale et la septentrionale. Tous ces exemples prouvent bien qu’un ancien Éranien, pas plus qu’un ancien Hindou, ne se serait jamais permis de nommer le côté le moins noble avant le plus noble, le derrière avant le devant, ni la gauche avant la droite, d’où l’on