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des biens. La liste d’Ahriman se compose des fléaux ordinairement attribués au mauvais génie et des péchés le plus sévèrement condamnés par la loi zoroastrienne. Il suffit de parcourir cette liste, d’ailleurs pleine de termes vagues et de répétitions, pour se convaincre qu’elle a été intercalée sans intention aucune de la mettre en rapport historique ou géographique avec les provinces d’Ormuzd. Il n’y a pas plus de raison de placer l’hiver dans l’Âiryana vaeja que de mettre le siège du doute à Niça ou celui des mauvais discours à Moûru. Ce sont là des maux d’une nature générale, destinés à tenir en échec la création d’Ormuzd, mais non à frapper telle contrée en particulier.

« C’est pourtant l’erreur qui a servi de point de départ à toutes les conjectures. L’hiver étant créé en opposition à l’Airyana vaeja, on a supposé que cette région devait être particulièrement froide, et l’on a cherché au nord, du coté des sources de l’Oxus et de l’Iaxarle, ou vers le plateau de Pamir, quelque rude climat qui pût convenir à cette province. Le fait est d’autant plus étonnant, que l’Airyana vaeja est constamment décrite comme un lieu où les hommes vivent dans l’abondance et le bonheur, et que l’hiver est au contraire regardé dans YAvcsta comme le plus grand des fléaux. »

Si M. Bréal s’était moins pressé de déclarer la géographie de l’Avesta essentiellement fabuleuse, ce qui le dispensait d’un plus araple examen, il aurait pu chercher et trouver encore d’autres arguments, qui montrent, au moins aussi bien que les siens, l’erreur des savants qui ont placé l’Airyana vaeja dans un climat actuellement aussi rude que celui du Pamir.