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à l’aide d’auxiliaires. Évidemment, à l’origine, chacune de ces formes multiples devait répondre à une nuance de signification précise, et l’aléoute d’autrefois avait, comme par exemple l’ottoman de nos jours, une souplesse prodigieuse pour se plier à l’expression des moindres modalités verbales. Mais peu à peu la notion de ces infinies délicatesses s’est obscurcie, a disparu, en sorte que les Aléoutes actuels emploient indifféremment une seule forme verbale dans plusieurs acceptions, ou plusieurs dans une seule, et qu’un indigène, questionné sur le motif qui lui a fait employer telle forme plutôt que telle autre, sera la plupart du temps fort en peine d’expliquer sa préférence.

Essayons de nous retrouver dans ce labyrinthe, en appliquant une rigoureuse analyse linguistique aux données qui nous sont fournies par notre auteur, et constatons d’abord, à l’aide du vocabulaire, la manière dont un thème quelconque, primaire, secondaire, etc., ou même exceptionnellement un ensemble de deux mots, se transforme en thème verbal, et devient par conséquent susceptible de se conjuguer à tous les modes, temps et personnes.

Voici quelques exemples de ces formations : Khakh, poisson ; par extension : nourriture, repas, parce que les Aléoutes ne se nourrissent guère que de poisson ; thème primaire : kha- ; verbe : kha-ku-kh, il mange (le kh final est l’indice de la troisième personne du singulier). — Tàna-kh, eau, boisson ; verbes : tàna-ku-kh, il boit ; tâna-cxhi-ku-kh (avec ingixe), il abreuve. — Alègliu-kh, mer (le thème est probablement secondaire) ; aléghu-kukh, il navigue sur la mer. — Aka-ku-kh, il va ; thème primaire : aka-, d’où aka-hikh, chemin ; thème secon