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contradiction formelle avec les renseignements fournis par la littérature zende. On n’y voit nulle part, ni dans le Vendidad ni ailleurs, que les iraniens aient abandonné l’Airyana vaeja, ni aucune des quinze autres provinces éraniennes, après qu’Ahriman en eut perverti l’excellence nature. On y constate seulement l’extension et non l’abandon de la patrie primitive. Yima en double, puis en tripTe l’étendue, et il y construit des maisons pour protéger les hommes et les animaux domestiques contre les intempéries de la mauvaise saison, mais il ne l’abandonne point (Vendidad, chap. ii) ; Pourusharpa, père de Zoroastre, vit dans l’Airyana vaeja et y voit naître son fils (Yàçna, ix, 41-44) ; et Zoroastre, contemporain de Vistaçpa, le plus récent des rois éraniens nommés dans l’Avesta, sacrifie encore dans l’Airyana vaeja (yesht v, 103-106), ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que l’Airyana vaeja de Vistaçpa avait conservé les dimensions de l’Airyana vaeja des Aryas primitifs, pas plus que l’empire romain des Césars n’avait conservé les dimension ? du royaume de Romulus et des Tarquins.

La prétendue rigueur du climat actuel du pays qui fut l’Airyana vaeja est donc une pure illusion. Son climat ne doit d’ailleurs pas avoir sensiblement changé depuis l’époque de l’unité aryenne, et les renseignements fournis par les textes de l’Avesta, confirmés et complétés par les données de la philologie comparée, montrent que la première partie des Aryas était un pays accidenté, une région alpestre entrecoupée de nombreuses vallées, riche en mines métallifères, en torrents et en rivières, en forêts et en pâturages, possédant une flore et une faune très-variées, flore et faune indiquant le climat qui est dit tem-