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montagnes et sur les flancs des collines élevées, » et dans « les inondations violentes qui suivent la fonte des neiges, » phénomènes qui, au lieu d’inonder les plaines, forcent au contraire Yima de quitter la montagne avec ses troupeaux et de s’établir au pied de cette montagne, « sur une terre toujours verdoyante et qui produit des aliments sans faiblir jamais, » comme l’indiquent les versets 65-69.

Un commentaire de la légende de Yima nous paraît toutefois nécessaire pour montrer au juste quelle en est la portée historique, et peut-être n’est-il pas inutile de rappeler auparavant que la connaissance de la langue zende ayant été presque complètement oubliée pendant bien des siècles, et ayant été remise en lumière seulement de nos jours par Eugène Burnouf et par ses successeurs, le sens d’une foule de mots zends ne peut être deviné que par la comparaison des mots analogues des divers dialectes aryens, notamment du sanscrit, de sorte qu’il est toujours possible de donner plusieurs acceptions différentes à ces mots zends et que le contexte indique seul quelle en est l’acception vraie. Aussi de Harlez dit-il (t. II, p. 30) que le traducteur « doit s’attacher surtout à l’étude comparative du texte et des exigences du contexte. Des phrases sans signification précise, ou de sens forcé, ne peuvent rendre la pensée de l’auteur, » judicieuse remarque que de Harlez semble avoir oubliée en traduisant certains versets précités, ainsi que nous allons le montrer.

Imbu de l’idée que Yima est tout à la fois Adam et Noé, de Harlez le fait agir, dans sa traduction, comme s’il eût été le seul maître de la terre, comme s’il n’avait pas eu