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« 93-96. Yima cependant se mit à penser : Comment pourrai-je faire ce vara comme me l’a indiqué Ahura-Mazda ? Alors Ahura-Mazda lui dit : Yima, éclatant de beauté, fils de Vivanliao ! fends la terre du talon, creuse-la de tes mains, de la même manière que les hommes creusent la terre amollie. »

Les versets 97-128 reproduisent textuellement, sous forme narrative, les versets 60-92, et ils montrent ainsi que Yima a exécuté à la lettre toutes les prescriptions d’Ormuzd.

Tel est le deuxième fargard du Vendidad, auquel de Harlez a donné ce singulier titre : « Légende de Yima. — Développement de la création.Règne heureux de Yima.Irruption des eaux diluviales.Construction du vara. » Et pour qu’on ne puisse se méprendre sur le sens de ce titre, rappelons que Harlez ajoute ailleurs : « Yima, le héros de cette légende, est, chez les Iraniens, le représentant d’Adam et de Noé, confondus dans le souvenir de ces peuples (t. Ier, p. 89), » et que cet auteur avait dit auparavant, à propos de Zoroastre : « A l’époque où il vécut, l’Asie, bien que polythéiste, n’avait point perdu toute connaissance du vrai Dieu ; l’histoire de Job en fait foi. Rien ne prouve que cette connaissance ait complètement disparu de la terre d’Éran ; le contraire est même de la plus grande probabilité (t. Ier, p. 34). »

Il faudrait vraiment être doué d’une foi bien robuste pour reconnaître, même dans la traduction de Harlez, « un développement de la création » dans les extensions successives du royaume de Yima, et pour reconnaître un souvenir du prétendu déluge universel des légendes sémitiques dans les neiges tombant « sur les cimes des