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Constantinople, » et que nous citons d’ailleurs de mémoire. Toujours est-il que, en français, le sceptre étant l’insigne de la royauté et l’épée l’insigne du commandement militaire, c’est par ces mots qu’on doit traduire en notre langue les mots çufra et astra du deuxième fargard du Vendidad. On peut même remarquer que Yima ayant affaire à son peuple dans le vara, s’est uniquement servi du çufra, de son autorité royale, tandis qu’en arrivant sur le territoire ennemi il agira en roi et en guerrier : il se servira du sceptre et de l’épée, du çufra et de l’astra.

Quoique l’or ne paraisse pas avoir été rare chez les Aryas, nous pensons aussi que le qualificatif « d’or » donné au sceptre et à l’épée de Yima est pris au figuré, pour indiquer l’importance des fonctions dont ce roi est revêtu, de même que les mots « Aphrodite d’or » signifient, dans Hésiode, « l’aimable, la désirable Vénus, » de même encore que les mots « mon trésor » signifient « cher enfant, mon chéri, » dans la bouche d’une mère.

Le passage des Aryas du régime pastoral au régime agricole ne fut pas postérieur, mais antérieur aux conquêtes de Yima ; et si, dans le deuxième fargard, ces conquêtes sont racontées avant la construction du vara, c’est évidemment parce qu’on trouve parfois une intervention complète des idées dans certains chapitres du Vendidad. Il est en effet certain que les Aryas étaient agriculteurs et habitaient des maisons avant leur dispersion, dès l’époque de l’unité ; c’est l’une des découvertes indéniables de l’étude comparative des divers dialectes aryens, et cette donnée n’est pas seulement en concordance avec l’histoire des conquêtes de Yima, mais encore elle achève d’éclairer cette histoire.