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« Mes mains et mes pieds sont, comme on le voit, entiers, pareils, sans défaut ; ma démarche est calme, non troublée, empressée avec grâce[1]. »

Les classes supérieures, dominatrices, chez les Aryas conquérants de l’Inde, étaient donc composées d’hommes aux cheveux noirs ou bruns, d’après la Loi de Manou et d’après le Râmâyana.

La littérature zende ne nous fait pas connaître la couleur des anciens Éraniens ; elle nous montre seulement que leurs législateurs se sont également préoccupés de ne pas laisser absorber leur sang par le mélange avec celui des vaincus, puisque dans le Yaçna (xviii, 123-124), Ormuzd dit à Zoroastre que l’union sexuelle entre les mazdéens et les infidèles est l’offense la plus grave qu’on puisse lui faire. Mais depuis le voyage de M. de Ujfalvy dans l’Asie centrale, nous savons au juste ce qu’étaient ces anciens Éraniens, car il en a retrouvé des débris dans le Kohistan, c’est-à-dire dans les hautes vallées du Zérafchane et de ses affluents supérieurs, fleuve qui, sorti du massif montagneux formé par le Pamir et l’extrémité occidentale des Monts Célestes, se perd aujourd’hui dans les sables du Turkestan, au lieu de gagner l’Oxus, dont il était autrefois l’un des affluents septentrionaux. En 1878, M. de Ujfalvy a consigné les résultats de ses observations dans son livre intitulé : Le Kohistan, le Ferganah et le Kouhlja, et M. Girard de Rialle a résumé en ces termes, dans le journal la République française du 16 janvier 1870, les faits relatifs à la question qui nous occupe :

  1. Valmiki, Râmâyana, liv. VI, chap. 23. t. VIII, p. 166, de la traduction de Fauche.