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mais la faveur dont il se trouve ici l’objet s’expliquerait par le rôle important à lui assigné dans l’histoire des patriarches, et d’ailleurs la plupart des commentateurs s’accordent à le considérer, en quelque sorte, comme la figure du Messie.

Enfin Gad, bien qu’il ait eu pour mère Zelpha, servante de Lia, et qu’il ne vienne qu’au septième rang par ordre de naissance, apparaît ici placé à un rang fort honorable, puisqu’on le cite le second, immédiatement après Ruben. Cela ne serait-il pas dû au caractère sacré dont le nombre sept fut toujours revêtu chez les Sémites ? ou bien aurait-on eu égard à son nom, considéré comme d’heureux augure, puisqu’il signifiait « bonheur, prospérité ? » Dès les époques les plus reculées, le peuple hébreu semble avoir attaché une importance réelle à la valeur des noms propres, et voilà pourquoi sans doute l’imposition des noms est souvent représentée dans la Bible comme le résultat d’une sorte d’inspiration divine, et pourquoi aussi leurs changements nous apparaissent si fréquents. Rappelons-nous, à ce propos, le Tout-Puissant en personne commandant à Abraham d’appeler son fils Isaac, c’est-à-dire « ris ». Citons également le père du précurseur donnant, malgré les observations de sa famille, à son fils le nom de Jean.

D’un autre côté, lorsque le père de la race bénie eut quitté la Chaldée, Dieu lui ordonna de changer son nom d’Abram ou plutôt Abu-ramu, littéralement « père élevé, » en celui d’Abraham, littéralement « père d’une multitude », allusion évidente au peuple nombreux qui devait naître de lui. Ainsi encore, Jacob remplace l’appellation de Benoni, littéralement « fils de ma douleur »,