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plus direct du patriarche, chef de la tribu. De plus, en Judée comme dans tous les pays où fleurit la polygamie, l’enfant d’une épouse de condition libre est plus considéré que celui d’une servante ou d’une esclave ; bien qu’aux termes de la loi ils soient tous les deux traités de même, le dernier n’est pour ainsi dire qu’à peine considéré, dans le monde, comme légitime. Ce n’est pas sans un certain sentiment de dédain que les Turcs qualifient parfois le sultan de « fils d’une esclave. »

Nous savons, d’un autre côté, que l’est et le sud passaient, aux yeux des Orientaux, pour les deux régions favorables par excellence, tandis qu’une influence néfaste se trouvait attribuée à l’ouest et au nord. Or, dans la liste par nous étudiée en ce moment, l’on voit les fils de femmes libres tous placés dans les groupes méridional et oriental, tandis que les tribus d’extraction servile occupent, presque seules, les deux autres points de l’espace.

Les trois tribus du nord, par exemple, descendent toutes de servantes ; de plus, les fils aînés sont d’ordinaire cités en tête de leur série respective. Ainsi la liste débute par Ruben, premier né de Jacob. Il en est, au reste, de même, nous l’avons déjà vu, dans presque toutes les autres listes n’offrant point un caractère prophétique ou sacré. Siméon, le second fils du même patriarche, se trouve à la tête des tribus occidentales.

Les règles que nous avons établies souffrent, il est vrai, certaines exceptions, motivées par des causes qu’il sera peut-être parfois possible de déterminer. Joseph, représenté d’ordinaire par ses deux fils, Éphraïm et Manassé, ouvre la série des tribus de l’est, et cependant Joseph n’était que l’un des plus jeunes descendants de Jacob ;