paysans ; mais ce n’est pas là, à proprement parler, un écrit patois.
Plusieurs brochures ont été pendant la période révolutionnaire écrites en patois ; leurs auteurs espéraient ainsi faire pénétrer plus facilement leurs idées dans les campagnes. C’était un soin à peu près inutile, les paysans qui savent lire comprenant très-suffisamment la langue écrite quand elle a une forme véritablement française, c’est-à-dire dépourvue de latinismes et de mots prétentieux.
Les paysans de la Haute-Bretagne forment une race mixte, dont le fond est sans doute celtique, ainsi que l’attestent un nombre considérable de noms de famille, mais qui a subi de nombreuses alluvions françaises et normandes ; ils n’ont point l’imagination poétique et l’enthousiasme des paysans du Finistère. On ferait difficilement un recueil, même mince, des chansons populaires dues à la muse patoise.
Elles ont dû être plus nombreuses autrefois qu’elles ne le sont maintenant ; il y a une dizaine d’années, on chantait encore des chansons populaires dont aujourd’hui il reste à peine trace. Les paysans trouvent qu’il est de meilleur ton de chanter, en les estropiant parfois étrangement, les airs à la mode dans les cafés-concerts ou ceux des pièces en vogue. Ces chansons mettent un ou deux ans à pénétrer dans les campagnes des Côtes-du-Nord et de l’Ille-et-Vilaine ; usées, rebattues, presque oubliées à Paris, elles sont ici de la nouveauté.