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Tel est le plan général de l’ouvrage. Toute la phonétique est exposée avec soin ; on voit que l’auteur a largement mis à contribution Jacques d’Édesse, Grégoire Aboulfaradj, dit Bar-Hebraeus, et les travaux de l’abbé Martin, auxquels M. Duval est le premier à rendre hommage.

Sur la question de la formation des racines sémitiques, M. Duval est partisan du système de la trilittéralité primitive. Il fera difficilement admettre cette théorie, car qatal est le reste de qatala, lequel est lui-même composé de trois éléments monosyllabiques. L’origine du langage expliquée scientifiquement s’accommode très-bien de la théorie des deux étages successifs, monosyllabisme et agglutination ; elle ne peut au contraire admettre l’existence d’emblée de trois consonnes. Vouloir que qatl soit primitif parce qu’il n’existe pas de voyelles en sémitique, c’est jouer sur les mots, car il n’y a pas de langues sans voyelles, et il est impossible de faire entendre qtl sans le secours de l’e muet.

Comme l’auteur, nous croyons à la double prononciation originaire du aïn et du ghaïn, de het et khet, bien que les langues araméennes écrites (car le néo-syriaque, qui est un dialecte populaire très-ancien, a les deux sons) et l’hébreu ne distinguent pas dans l’écriture les deux articulations ; mais on en trouve la preuve pour le khet, non seulement dans l’arabe, mais dans l’éthiopien, l’himyarite ou sabéen, le safaïtique, et peut-être aussi l’assyrien, qui ont deux signes graphiques différents. Quant au ghaïn, l’himyarite seul, avec l’arabe, a les deux caractères graphiques ; toutefois, les autres langues en ont des traces par l’emploi du ghimel.