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études comparatives qui sont la poésie de la grammaire, parce qu’elles en tempèrent la sécheresse en même temps qu’elles en montrent l’utilité. Pourquoi, par exemple, l’araméen n’a-t-il plus la forme niphal et seulement des débris du puhal ? Pourquoi le shaphel a-t-il disparu de l’arabe et de l’hébreu ? La forme niphil n’est-elle pas plus ancienne que l’aphel des syriaques ? etc. Un tableau des formes verbales en sémitique montrerait de suite quelle est la place de l’araméen au milieu de ses congénères, et comment on a pu reconstituer le faisceau commun. Pour le verbe, par exemple, on arrive à cette conclusion que, dans la langue sémitique primitive, comme dans l’aryen, presque toutes les formes verbales communes existaient déjà, et qu’ensuite chaque dialecte a choisi de préférence et développé telle ou telle forme, en en créant d’autres par analogie, absolument comme dans les langues indo-européennes on trouve, plus ou moins conservés, des débris des classes sanscrites et même des verbes, qui n’existent plus en sanscrit.

Dans la syntaxe, l’auteur aurait pu donner quelques détails sur le rôle de l’état emphatique, l’usage du relatif pour remplacer l’article et le génitif en araméen comme en assyrien, sur la mimmation assyrienne et himyarite, la perte de l’article préfixe en éthiopien, en himyarite (qui n’a que l’article affixe) et dans tous les dialectes araméens, et enfin l’indication d’autres problèmes fort intéressants qui naissent d’eux-mêmes lorsqu’on explique les particularités du syriaque.

En tous cas, si le côté comparatif est moins favorisé dans l’ouvrage que nous analysons, cette grammaire est, en revanche, riche de matériaux et d’observations qui