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où a-t-il trouvé en 1882 les éléments d’un duel inconnu en 1880 ? Il faudrait admettre que les cartons de M. Haumonté, véritables boîtes à double fond, auraient permis, d’août 1880 à mars 1882, — passez, muscade, — une seconde découverte de papiers taensas, ce qui est incompatible avec toutes les affirmations du nouveau Bénédictin de Solesmes. Ombres des savants travailleurs qui ont illustré la Congrégation de Saint-Maur, que pensez-vous de vos successeurs ? De vous à eux, il y a toute la distance qui sépare un Saumaise d’un Jacolliot !

La cause est donc entendue. M. Parisot, qui a fait l’hymne et le cantique, a pu faire de même les autres textes qu’il a publiés et qui, de son aveu, n’existaient pas, le 24 février 1880, dans les papiers de son grand-père. Son collaborateur ou complice, M. Dejouy, pourrait, s’il le voulait, — car lui seul a pu voir les papiers de M. Haumonté, — nous faire connaître s’il y avait réellement des notes sur le taensa ou si cet idiome mystérieux n’aurait pas plutôt été fabriqué à coup de livres, peut-être sur des notes anonymes sans importance, pour « s’amuser », par d’innocents séminaristes, dont les Congrès de Nancy, de Luxembourg, de Bruxelles (les comptes-rendus des deux premiers, car ceux du troisième sont encore à l’état de mythe, ont été abondamment répandus par toute la Lorraine), auraient surexcité la jeune imagination. Faut-il être après tout si lettré pour fabriquer une langue ? Les braves gens qui s’évertuent à nous prêcher le volapük sont de médiocres linguistes et cependant leur soi-disant idiome universel est très logiquement conçu et très bien fait[1].

  1. Je ne voudrais pas que les volapükistes se fissent des illusions