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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 19.djvu/177

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Psalmanazar, dont on a naturellement parlé à propos du taensa et qui n’a jamais publié ni Grammaire ni Dictionnaire, Psalmanazar était fort jeune quand il inventa le formosan : il n’était guère plus âgé que le séminariste des Vosges, il avait certainement fait des études bien moins étendues et il n’avait aucun livre à sa disposition. Il avait manqué sa rhétorique, il n’avait pas fait sa philosophie ; précepteur pudique renouvelant avec la mère de son élève la scène de Joseph et de Mme Putiphar, mendiant galeux, soldat fainéant, bohème éhonté se donnant comme un Japonais victime des Jésuites et de l’inquisition, l’Avignonnais qui a inventé les philosophes formosans Zeroaboabel et Psalmanaazaar et qui a fini par devenir un anglican prétiste et convaincu, a très bien su faire un alphabet et une langue. L’alphabet est un mélange de lettres grecques et latines et de caractères empruntés à cette cryptographie dont, paraît-il, les francs-maçons se servaient naguère encore, le tout arrangé dans un ordre bizarre. La langue est très simple : c’est, dit le faussaire, le vieux japonais, pur, bien conservé, où tous les cas sont sem-

    sur la portée des compliments que je leur adresse. Leur langue, entre autres défauts, présente celui d’avoir un alphabet et un vocabulaire basés surtout sur l’allemand ; or, une langue universelle devrait être fondée de préférence sur les trois langues les plus répandues dans le monde, l’anglais, l’espagnol et le français. Du reste, il y il a déjà des concurrences. On me communique une Grammaire élémentaire de la langue universelle, par Ch. Menet (Paris, 1886, 15 p. in-8°) ; la langue de M. Menet ne vaut ni plus ni moins que celle de M. Schleyer ; l’invention la plus drôle de M. Menet est peut-être d’avoir pris pour adjectifs numéraux cardinaux les syllabes ba, bè, bu, do, dè, du, fo, fè, fu. — Je ne m’attarderai pas davantage sur ces puérilités.