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au moyen, le pronom réfléchi, variant suivant les personnes ; au passif, les temps composés avec être. Cependant la nouvelle forme du moyen a conservé quelque chose de l’époque où les deux voix n’en faisaient qu’une, car elle s’emploie souvent dans un sens passif. Exemple : Cela se comprend. — Ce mets se mange froid.

Ici encore, constatons le parallélisme avec les langues germaines et slaves, en notant seulement cette différence que l’allemand et le néerlandais se servent, au passif, de l’auxiliaire devenir (werden, worden), et que le pronom réfléchi slave ne varie pas suivant les personnes.

Pour les modes, les deux branches romane et germaine ont, de plus que le latin, le conditionnel. Le nombre des modes est donc égal à celui du grec, le conditionnel rem- plaçant l’optatif.

Que conclure de tout cet exposé ? Que si, en certains points, la conjugaison romane peut passer pour continuer le développement de la latine, on peut dire qu’en général ce développement se trouvait en germe dans la famille aryenne tout entière, et tandis que le latin, par le seul fait d’être langue littéraire, voyait ses formes grammaticales comme fossilisées, les langues sœurs continuaient leur développement.

Ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’en bien des points où les langues romanes se différencient de la prétendue langue mère et des autres groupes, elles montrent une parenté étroite avec les langues germaniques, comme dans l’emploi de l’auxiliaire avoir, par exemple. Il faut en conclure que le latin, qui n’a pu influer sur les langues germaniques, n’est ici pour rien, et que des germes communs, remontant plus haut qu’à l’époque de la séparation des