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Açôka, qu’on pourrait appeler le Constantin du Bouddhisme. Converti par un miracle, ce grand monarque devint un des plus ardents propagateurs de la réforme. Il couvrit son empire, qui, d’après ses propres paroles, s’étendait jusqu’à l’extrême sud de l’Inde et jusqu’à Ceylan, de proclamations religieuses. Ce sont les premiers documents écrits que l’on connaisse dans une langue indienne ; ils remontent au troisième siècle avant notre ère. On vient d’en découvrir trois, fort intéressants, dans le Maïssour, tout au sud-ouest du Décan.

D’après ces proclamations, ces édits, comme on les appelle, le Bouddhisme était encore assez pur ; la règle s’était évidemment néanmoins déjà adoucie pour les laïques, aggravée pour les religieux. Ceux-ci, d’ailleurs, n’étaient plus les prédicateurs errants des premiers jours. Ces mendiants, auxquels les séculiers devaient fournir les choses nécessaires à la vie, étaient devenus sédentaires, lorsque des princes généreux leur eurent donné la sécurité de l’existence en leur distribuant des terres et des maisons. Installés dans ces habitations, ils devinrent de véritables moines, ne quittant leurs couvents que pendant une des six saisons de l’année, pour aller prêcher et mendier au loin ; ils revenaient ensuite à leur monastère, où la hiérarchie s’introduisit par les nécessités de l’administration temporelle, par l’autorité de la science, et, sans doute, aussi par les tendances plus ou moins dominatrices de certains moines.

Le Brahmanisme paraît être demeuré très longtemps insouciant des progrès du culte nouveau ; ce n’était là probablement, pour les Brames, qu’une secte philosophique de plus, car ils ont fait au Bouddha une place fort