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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 26.djvu/165

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honorable dans leur panthéon en l’admettant au nombre des incarnations de Vichnou. Mais leurs intérêts matériels se trouvèrent un jour menacés et leur tolérance dédaigneuse cessa naturellement. Les différences entre le Bouddhisme et le Brahmanisme n’étaient pas telles qu’elles fussent immédiatement apparentes. Siddhârtha prétendait seulement enseigner la vraie méthode ; il ne combattait point les doctrines officielles et courantes. Sans doute, il communiquait à tous, même aux femmes, la bonne nouvelle ; sans doute, il condamnait l’ascétisme, les prières et les sacrifices ; sans doute, il affectait de ne plus tenir compte de la différence d’origine ou de caste des religieux qui venaient se ranger sous sa loi. Mais ce ne furent là longtemps, aux yeux des Brames, que des fantaisies de sectaires, que des utopies irréalisables. Elles devinrent dangereuses le jour où le nombre de leurs partisans eut augmenté dans des proportions considérables, lorsque le Bouddhisme se montra, d’ailleurs, moins spéculatif et plus ritualiste ; plusieurs siècles après Piyadasi, commença l’ère des persécutions. Avec l’appui tout-puissant du bras séculier, elles furent longues, acharnées, implacables ; elles eurent un plein succès. Quand les Musulmans apportèrent le Qoran dans l’Inde, ils n’y trouvèrent plus de bouddhistes ; les derniers avaient depuis longtemps disparu.

Mais la bonne nouvelle avait été portée à l’étranger et prospérait merveilleusement. Les premières missions, organisées sous Âçôka, avaient converti Ceylan deux cents ans avant notre ère. De Ceylan, la réforme passa en Birmanie au cinquième siècle après Jésus-Christ ; à Siam, au septième, et s’étendit à Java, à Bali, à Sumatra jusqu’au