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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 3.djvu/20

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l’instrumental : gizon-a-z « homme-le-par » et gizon-en-zaz « par les hommes » (gizonen gén. plur. et zaz variation de z) ; en labourdin, au pluriel, ce z devient etaz et l’on dit gizon-eta-z « par les hommes ». Mais alors, l’article ainsi que la marque du pluriel k disparaissent et une syllabe particulière eta est intercalée ; c’est ce qui arrive partout et toujours avec les suffixes locaux : gizon-eta-ko « des hommes », mendi-eta-(r)ik « des montagnes », oihan-eta-ra « vers les bois », etc. Le prince Bonaparte explique cette anomalie en regardant eta comme un signe de pluralité dont les suffixes locaux seuls détermineraient l’emploi ; cela n’est pas impossible, mais en tout cas semble bien étrange. J’avais supposé que le t de eta pouvait n’être qu’une permutation de k et que gizonetan (locatif), n’était ainsi qu’un dérivé de gizon-ak-(a)-n ; mais comme cette forme gizonakan n’a pas été conservée par ceux qui disent au génitif gizonaken et au datif gizonaki cela m’inspirait des doutes sur la primitivité de ces deux dernières formes. Tel est le sens de la phrase relevée dans mon dernier article par le prince Bonaparte.

On pourrait appliquer au basque la division en cas directs et indirects. Seulement, en basque, le nominatif et l’accusatif ne sont pas de véritables cas, car ils sont identiques et se composent du thème pur. Toutefois, quand le nominatif est sujet d’un verbe actif, il prend un k final encore inexpliqué et qui peut-être ne diffère pas du signe de pluralisation ; le nominatif pluriel étant déjà en k, l’a de ak « les » s’affaiblit alors en e ; ainsi on dira : gizonak ethorri dire « les hommes sont venus », gizonek yan dute ogia « les hommes l’ont mangé le pain ». Quant aux cas indirects, j’ai indiqué ci-dessus les principaux, mais il en existe un grand nombre d’autres. Les plus remarquables sont ceux formés par la juxtaposition de plusieurs suffixes, ex. : zilhar-(e)z-ko