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les suffixes ko, at, tik, etc., que le prince Bonaparte appelle locaux et dont j’ai déjà parlé tout à l’heure, l’article disparaît et le suffixe s’ajoute purement et simplement au thème : mendi-ko « montagne-de » se traduit par « de la montagne », mendi-ra « montagne-vers » par « vers la montagne », etc. On dit cependant mendi-a-n « montagne-la-dans »[1].

Passons à la déclinaison plurielle. Le basque n’a pas de pluriel indéfini ; il ne dit pas « hommes », mais « les hommes ». Il est donc naturel que l’article qui est postposé reçoive seul la marque du pluriel ; c’est ce qui arrive : on dit mendi-a-k « les montagnes », gizon-a-k « les hommes ». Ceux qui ont lu attentivement les remarques qui précèdent n’hésiteront pas à avancer que les désinences casuelles devraient logiquement s’ajouter à cette dernière forme. Cela paraît, en effet, avoir eu lieu pour beaucoup de suffixes ; on peut citer gizon-ak-gabe « hommes-les-sans », gizon-ak-gatik « hommes-les-pour », gizon-ak-kin « hommes-les-avec » (guipuzcoan), gizon-akaz pour gizon-ak-gaz « hommes-les-avec » (biscayen). C’est ici que se placent les expressions d’Irun et de Fontarabie gizon-ak-en « hommes-les-de », gizon-ak-i « hommes-les-à ». Il faut remarquer de nouvelles singularités : certains suffixes qui, au singulier et à l’indéfini, ne s’ajoutent au nom que par l’intermédiaire d’un autre suffixe, s’y ajoutent directement si le nom est pluriel ; ainsi on dit en guipuzcoan gizon-a-(r)-e-kin (gizonaren, génitif + kin) « avec l’homme » et gizon-ak-kin « avec les hommes ». Dans un autre dialecte, l’inverse a lieu avec le signe de

  1. Les Souletins, qui ont changé ra « vers » en la, disent également mendi-a-la « montagne-la-vers », au lieu de mendi-ra « montagne vers ».