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à-dire de racines indépendantes ayant un sens propre. Ils peuvent être aussi indiqués par la position du mot dans la phrase ; les dravidiens semblent faire de même : au lieu du génitif, ils emploient souvent le nominatif qu’ils placent alors avant le sujet : tagappan’vîdu « maison du père ». Il est cependant préférable peut-être de dire que dans cet exemple le mot père est pris adjectivement.

Le hongrois, le finnois, le turc ont des désinences soudées plus intimement au mot, mais non encore fondues avec lui. Le signe de pluralité se joint, non à la désinence, mais au radical qui est, comme en basque, le nominatif ; ex. : hongrois, hâz-nak « à la maison », hâz-ak-nak « aux maisons ». Ces langues peuvent unir au nom des pronoms personnels et former, par exemple, hongrois, atya-m « mon père », atya-d « ton père » ; turc, aghlu-müz « notre fils », kitâb-léri « leur livre », etc. : le basque ne peut faire de même.

Dans les langues dravidiennes, les rapports s’expriment par des suffixes dont beaucoup ont conservé une existence indépendante, par exemple ceux qui servent à former le locatif ; ainsi en tamoul on dira kôyil-idœ « au milieu du palais », et le même mot idœ pourra être employé isolément pour signifier « milieu ». On emploie de même kadœ « fin, extrémité », mêl « partie supérieure », agam « surface », mun’ « devant », ul « intérieur », etc. ; le signe du génitif est adu « cela », et dans la langue vulgaire udœ-y-a forme adjective de udœ « possession ». D’autres suffixes n’ont plus de sens propre, mais la comparaison des idiomes congénères, ou des diverses variations régionales du même idiome, a permis de rétablir la forme ancienne : ainsi ôdu, suffixe de conjonction, « avec », paraît allié à todu « toucher », tudar ou todar « suivre, accompagner », tôja-