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(ou tôra-mœ) « amitié, camaraderie »[1]: Cf. télinga , tôda pour tam. ôdu et malayala ôta. De même, âl « par » semble n’être que kâl « canal » ; cf. séy-d-âl et séy-da-(k)kâl « si on a fait », litt. « étant fait-par »[2]. D’autres désinences restent inexpliquées. Ces terminaisons s’ajoutent au radical, c’est-à-dire au nominatif : à cet égard, un grand nombre de mots semblent faire exception ; par exemple vîdu « maison » et kayam « étang » prendront leur forme adjective pour recevoir les suffixes et donneront entre autres vîttu-(k)ku « à la maison », kaya-(t)tu-(k)ku « à l’étang » ; vangam « courbure » fera vanga-(t)t-ôdu « avec courbure » ; on lit pourtant dans le vieux poème Sindâmani, ch. v, st. 76, kaya-(k)ku, et ch. iii, st. 1, vangam-ôdu. Le signe de pluralité est intercalé entre le radical et le suffixe : tam. manœ-(y)âl « par la maison », manœ-gal-âl « par les maisons » ; tél. katti-ki « au couteau », kattu-la-ku « aux couteaux »[3].

  1. Le tamoul vulgaire remplace ce suffixe par kûda « s’unir, se réunir ». Ce mot n’est peut-être pas sans relations d’origine avec ôdu (Voyez Revue de linguistique, t. ii, p. 238). « En turc, göz signifie œil et gör voir ; ish acte et ir faire ; ich intérieur et gir entrer » (Ewald, Goettingische gelehrte Anzeigen, 1855, p. 298).
  2. On objectera que, dans séydakkâl, kâl est pour kâlam « temps », et que par suite ce mot veut dire « quand on a fait » et non « si on a fait ». Cependant, dans la langue vulgaire où les formes en âl et êl sont inconnues, on emploie constamment à leur place celles en kâl qui répondent toujours à notre si conditionnel.
  3. Le signe de la pluralité n’est pas toujours employé ; on peut dire en tamoul nâlu mâdu mêygin’d’ana « quatre vache paissent » (pour mâdu-gal, vaches), etc. La langue parlée, qui n’a pas de formes verbales pour le pluriel neutre, peut même dire nâlu mâdu méygir’adu « quatre vache paît ». La première phrase est, grammaticalement, tout juste le contraire de τά ζώα τρέχει.