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Deux suffixes peuvent se superposer, ex. : tamoul vulgaire vîttu-(k)k(u)-ul « maison-à-dans », dans la maison.

Les langues dravidiennes partagent avec le basque la faculté de décliner les formes verbales ; de pukhên « je suis entré » on fera pukkên-(uk)ku « à moi qui suis entré » (Râmâyana de Kamban’, I, vi, 30) ; de séyvên « je ferai », séy-v-ên-âl « faire-(futur)-moi-par, si je fais », plus ordinairement séyvên-êl, par affaiblissement de â en ê. Rappelons ici que les tamouls peuvent aussi conjuguer les noms[1] en leur adjoignant les abréviations verbales des pronoms personnels ; vinœ-(y)ên « je suis malheureux » (Sindâmani, vii, 106), kodi-(y) œ « tu es cruel » (Râmâyana, I, xi, 77), etc. ; je trouve un exemple remarquable dans un vers du Sindâmani, que je traduirai littéralement en entier :
Kuńgumakkujańgan’mâlœmalluppûttagan’d’amârbîr,
c’est-à-dire :

Kuńguma - kujańgal - mâlœ - mal - pûttu - agan’d’a -
Safran guirlande collier force ayt fleuri élargie
mârbu - îr.
poitrine vous.

« Ô vous dont la vaste poitrine robuste porte des guirlandes de fleurs de safran » ou « porte une guirlande de fleurs et est frottée de safran ». Ces nouveaux composés peuvent encore recevoir les suffixes de déclinaison : manattinên-(uk)ku « à moi qui ai l’esprit » (Râmâyana, VI, xxxii, 111). Des composés de même espèce existent en télinga ; de sêvakudu « serviteur » et de kavi « poète », on forme sêvakudu-nu « je suis serviteur », kavi-ni « je

  1. Les Basques font, de haur « enfant » haur-tze « devenir enfant », de etche-ra « à la maison », etchera-tze « aller à la maison », etc.