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y a-t-il là une analogie lointaine avec le procédé du turc et du hongrois.

J’ai en ce moment entre les mains, grâce à l’obligeance de M. de Charencey, un volume très intéressant sur l’algonquin et l’iroquois. Ce volume, intitulé : « Études philologiques sur quelques langues sauvages de l’Amérique, par N. O., ancien missionnaire, Montréal, 1866, in-8, 160 p. », ne me semble pas fait du reste avec toute la clarté désirable. Quoi qu’il en soit, on y voit que l’algonquin et l’iroquois ont une déclinaison très peu développée, postpositive ; qu’ils ont en outre un certain nombre de suffixes analogues aux flexions casuelles et qui s’ajoutent aux noms et aux verbes pour exprimer l’augmentation, la diminution, la mauvaise qualité, etc. : il en est de même en basque, gizon-t’o « petit homme », jin-t’o niz « je suis arrivé » (nuance mignarde), jin-che zira « vous êtes arrivé » (nuance d’augmentation), (d’Abbadie et Chaho, Études euscariennes, prolégomènes). Les langues américaines peuvent joindre les pronoms personnels aux noms et dire, par exemple, nindawema « ma sœur », kitawema « ta sœur » (algonquin) ; akasita « mon pied », onkiasita « le pied de nous deux » (iroquois), etc. ; mais il n’y a pas ressemblance complète avec le procédé turc ou hongrois, parce que le pronom est préposé et très peu altéré. Il y a plus d’analogie avec les composés dravidiens du pronom réfléchi : on sait que plusieurs idiomes de l’Amérique du Nord, et l’iroquois est de ce nombre, ne peuvent exprimer la parenté sans l’assistance des pronoms personnels ; elles ne disent pas « père », mais « mon père, ton père, etc. » ; ainsi en iroquois on dira rakeniha, hianiha, roniha, etc., et niha ne pourra être employé seul.

Je conclus des observations qui précèdent que le basque se rapproche beaucoup plus des langues non indo-européen-