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« je donne vous » au lieu de dautzut « je le donne à vous »)[1]. Je pourrais citer bien d’autres exemples de cette influence, notamment l’emprunt du j français par les Souletins et de la jota par les Guipuzcoans. On sait que le vocabulaire basque a été envahi par un nombre relativement énorme de mots aryens. On doit donc poser en principe que personne ne sera en état de faire l’analyse complète du basque qu’après avoir appris l’histoire détaillée des langues romanes, et principalement du français et de l’espagnol ainsi que des patois parlés dans les régions voisines du pays basque.

Cette courte étude, forcément très incomplète, suffira cependant, je l’espère du moins, pour mettre en relief la nature agglutinante du basque. Cette conclusion serait-elle confirmée par l’examen des éléments dérivatifs de la conjugaison ? Malheureusement, il est encore très difficile d’entreprendre une pareille analyse ; il ne sera possible de l’essayer que lorsqu’on pourra comparer les diverses variations dialectiques de la même forme. Le prince Bonaparte est mieux que personne, par ses nombreux voyages dans le pays basque, en état de publier les tableaux comparatifs impatiemment espérés ; souhaitons donc qu’il ne tarde pas à nous les livrer et qu’il nous fasse connaître en même temps le résultat de ses longs travaux sur le basque au point de vue de la linguistique générale.

Beaucoup de personnes penchent à croire que le basque réclame une place à part dans la série des langues et que celles-ci doivent être divisées en deux groupes comprenant,

  1. J’ai entendu des phrases analogues dans diverses localités du Labourd. Mais cette faute se fait surtout très communément à Saint-Jean de Luz, où l’on dit habituellement par exemple, eman nau dirua « il a donné moi l’argent » au lieu de eman daut dirua « il l’a donné à moi l’argent ».