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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 3.djvu/365

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pas de la frontière de l’Espagne (Navarre), bien assis entre des montagnes pittoresques. En 1869, la fête, qui commence le jour de la fête catholique de la Nativité de la Vierge, se célébrait les 12, 13, 14 et 15 septembre. Le temps était béai* ; une foule nombreuse, bruyante et extrêmement variée se pressait de bonne heure dans les divers quartiers du village et sur les routes qui y conduisent.

La séance d’improvisation a commencé à quatre heures du soir le mardi 14 septembre ; elle a duré trois heures entières. Un grand nombre de curieux étaient massés sur la place (emplacement pour le jeu de paume) et sur les galeries où des sièges réservés étaient occupés par les autorités locales et par quelques étrangers privilégiés. Quatorze concurrents se sont présentés ; successivement, deux à deux, ils ont pris la parole, discutant l’un avec l’autre, sur les sujets que le président, M. d’Abbadie, leur indiquait à mesure. Les Basques ont une merveilleuse faculté d’improvisation : il est vrai que souvent les idées sont médiocres, les rimes insuffisantes et les vers boiteux ; mais cela se chante et Ton sait que la poésie, grâce à la musique, peut opérer des prodiges. La prime a été partagée entre un cordonnier nommé Ibarra, de Jatxou, et une jeune fille, de vingt-cinq ans environ, qui a déclaré se nommer Maria-Luisa Osollo ou Osorio, d’Ascain. Ils avaient lutté ensemble à la fin de la séance : on leur avait imposé l’obligation de se tutoyer[1]. Il s’agissait d’une demande en mariage : la jeune fille, d’abord cruelle et farouche, s’est rendue, après une assez longue discussion, aux prières de l’amoureux. Les deux vainqueurs se sont présentés en se donnant le bras, devant les juges pour recevoir le montant du prix : la foule les a frénétiquement applaudis. Il est assez rare que des

  1. Voyez page 375 la note explicative