buruila doit signifier « le mois de tête, de fin » et iraila « le mois en excès, le treizième mois, le mois supplémentaire » dont l’intercalation tri- ou quadriannuelle est nécessaire dans un calendrier lunaire ; je ne saurais être comparé aux amateurs extravagants qui font de yaun « seigneur » yabe-on « bon maître », ce qui est enfantin, ou qui voient dans barrabil « testicule » bi-arra-bil « deux mâles réunis », ce qui est idiot. Je ne fais pas de ces étymologies-là.
Mais il ne faut pas oublier que l’étymologie, la vraie, est le terme ultime de l’étude scientifique d’une langue. Quand on en a bien établi le système phonétique, quand on a dressé le tableau de ses formes grammaticales, quand on a pu faire la liste de ses racines primitives, on peut et on doit aborder l’étude du vocabulaire, rechercher les variations historiques du sens des mots et en séparer les divers éléments, ce qui fournit de précieux documents d’information à l’anthropologie et à la sociologie. Certes, je n’ignore pas que, malgré les travaux récents, la grammaire basque n’est pas faite encore ; mais je crois avoir, après quarante-et-un ans d’études, compris, d’une manière suffisamment générale et précise, ce qu’on appelait naguère le génie et ce que j’appelle l’organisme de la langue, pour pouvoir faire quelques excursions prudentes sur le domaine du vocabulaire. Je ne suis pas infaillible et je ne prétends point imposer ma manière de voir : je remarque, je réfléchis, je propose ; et, si je me trompe, j’aurai du moins signalé un détail à observer ou un problème à résoudre : ce n’est toujours au fond qu’une question de mesure et de méthode.