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« je vois », nankus « je voyais », *zakusaz « vous le voyez », *zanankusaz « vous le voyiez ».

J’ai ouvert dernièrement, par hasard, les Denkmaeler de Mahn, et j’y ai vu d’abord qu’il avait remarqué le nom du mois basque, hilabethe « pleine lune » ; il en conclut, comme moi, que les Basques commençaient leur mois à la pleine lune, « tandis », ajoute-t-il, « que d’autres nations le commençaient à la nouvelle lune, par exemple les Hébreux, comme le montre leur expression pour « mois », chôdäsh (de châdasch « être neuf ». Ce fait entraînerait la nécessité de la semaine de huit jours, une ou deux fois par mois, à l’aide d’un jour intercalaire, supplémentaire, sans doute entre le vendredi et le samedi, qui était le dernier jour de la semaine. Faut-il rappeler le passage de Strabon sur les montagnards pyrénéens fêtant la lune devant leurs portes ?

Mais, plus loin, Mahn parle du verbe basque et il dit que ce verbe forme des causatifs au moyen de l’infixé ra : icasi « apprendre », iracasi « enseigner, faire apprendre ». L’existence des causatifs en era, ira, initial est indiscutable et, à première vue, j’en trouve plus de quatre-vingts dans l’excellent Dictionnaire d’Azkue, lequel d’ailleurs ne les reconnaît pas toujours : il traduit, entre autres, erahatzi « oublier » au lieu de « faire oublier »[1]. A priori, ce nombre de

  1. Ce n’est là qu’une étourderie ; d’autres erreurs sont moins excusables. Ainsi Azkue donne (t. I, p. 456, col. 1) le mot kable