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G. NOEL. LA LOGiaUE DE HEGEL. g7

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nale. Est-ce à dire qu’entre Hegel et Spinoza il n’y ait aucun point commun ? Nous avons tout à l’heure expressément reconnu le contraire. Il serait trop long d’énumérer tes ressemblances plus ou moins superficielles qu’une comparaison détaillée des deux doctrines pourrait faire ressortir. Nous nous bornerons à signaler celle qui nous paraît la plus profonde l’inspiration commune des deux philosophies. Toutes deux expriment à leur manière, sans atténuation ni réserve, ce qu’on peut appeler la foi philosophique ; la croyance à la souveraineté de la raison ou à la rationalité foncière du réel. Ce qui les sépare l’une de l’autre c’est le concept même de la rationalité Ainsi que Parménide et Zenon d’Élée, Spinoza ne la conçoit que comme identité pure avec soi-même, exclusion de l’opposition et de la différence. Hegel au contraire reconnaît avec Platon la coexistence nécessaire des contradictoires, de l’être et du néant, de l’identité et de la différence, du oui et du non. Pour Spinoza cela seul est rationnel qui exclut immédiatement toute contradiction. Pour Hegel la contradiction est un élément inhérent à la nature de la raison elle-même ; les catégories de la pensée s’opposent nécessairement les unes aux autres ; elles ne sont elles-mêmes que dans et par leur opposition réciproque, et la vie interne de la raison consiste tout entière dans la conciliation progressive de ses antinomies. En résumé, Hegel et Spinoza s’accordent à soumettre la nature à la logique. Mais la logiqne de Spinoza est la logique mathématique ou la logique de l’abstrait. Aussi sa tendance est-elle de ramener l’esprit à la chose et la chose elle-même à l’abstraction pure. La logique de Hegel est la logique absolue, la logique du concret. Aussi lui permet-elle de. s’élever de l’abstraction pure à la réalité, à la vie" à la pensée.

On s’est plu à rapprocher Hegel de Spinoza ; on aurait’ pu tout aussi bien le comparer à Malebranche et à Leibniz. Entre sa doctrine ` et celle de’ ses illustres devanciers on eût sans peine découvert de profondes ressemblances. Comme lui ceux-ci sont profondément idéalistes ; comme lui, plus ou moins directement inspirés de Platon et d’Aristote, ils subordonnent le mécanisme cartésien à la firialité. Malgré l’insuffisance de leur méthode, tous deux sur beaucoup de points devancent et préparent les conclusions de l’hégélianisme. S’il nous fallait énumérer et classer les influences qui ont contribué à la formation de ce système, au premier rang nous placerions Kant et Fichte, auxquels Hegel a emprunté sa conception fonda-