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J.-J. GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. 16i 61’

même ? Nous le croyons. J.-J. Gourd.

Rcv. Meta. T. V. – 1897. 1 1

il a fait œuvre de coordination. Or, il n’est pas indifférent à la dialec- j tique que les choses puissent, en définitive, exister sans la coordination, qu’elles aient un en soi », qu’elles ne s’identifient point avec le résultat même le plus élémentaire de la science, bref qu’elles soient comme nous avons cru les trouver à l’origine. C’est une nouvelle garantie, c’est un nouvel appui, pour l’autorité ’de l’objet moral et l’irréductible valeur de ses prescriptions. T !

Cependant, à mesure que la dialectique’ pratique avance, elle devient moins exigeante et moins assurée. Ses reprises restent vagues < .1 et superficielles. C’est qu’elle risque d’entrer en opposition avec J~ ;i elle-même. Si elle, accusait davantage l’irréductibilité du monde ’’3 concret au monde abstrait, si elle réclamait plus fortement en faveur de de 1’ « en soi » des choses, et contre leur absorption dans la coordination, elle finirait par -rencontrer un élément qui n’est pas seulement incoordonné, mais aussi incoordonnable, un élément fon- ~3 ~L cièrement inintelligible, un élément absolu. Et si elle s’avisait de le ?’ mettre en relief, elle désavouerait l’esprit de toute son œuvre. Qu’a- i t-el.lé.fait toujônrs

t.-ello fait jusqu’ici, sinon coordonner, toujours coordonner, comme } la dialectique théorique ? Or, constituée par la coordination, pourrait-elle se consolider contre elle ? Pourrait-elle avoir un intérêt à relever les limites et le caractère artificiel de l’opération avec laquelle elle s’est identifiée ? Bien plus. C’est dans le monde pratique que l’élément /i incoordonnable s’impose le plus fortement à l’attention. La réaction j volontaire n’est-elle pas tout d’abord spontanée, rebelle à la mesure, imprévisible en ses apparitions ? Et tout l’effort de la dialectique pratique n’a-t-ilpas eu pour but la suppression de ce caractère } primitif ? Son dernier acte n’a-t-il pas été expressément une tentative ;i contre le libre acquiescement de la volonté ? Si elle n’a pas réussi à l’extirper radicalement, c’est qu’il lui aurait été impossible d’aller jusqu’au bout de son œuvre sans en détruire l’objet. Dès’ lors, comment songerait-elle à rétablir sur un autre domaine ce qu’elle a constamment refoulé sur le sien ? La question de Pincoordonnable reste donc ouverte. – Une autre dialectique se chargera-t-ellé de la traiter ? Y a-t-il. lieu de s’attacher à l’élément écarté par les j dialectiques précédentes, de le poser expressément, et le mettre en valeur selon un procédé conforme à sa nature ? La dialectique reli- .t gieuse sera-t-elle justifiée en venant compléter ou corriger la dialec- Y !J tique pratique, et, au-delà de celle-ci, la dialectique théorique, elle- 9 L~ même ? Nous le croyons. J.-J. Gourd. ~j