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G. SÉAItLES. – LES PHILOSOPHIES DE LA LIBERTÉ. 175 r IV

.J Kantne concilie pas le déterminisme et la liberté, il les juxtapose ; il ne résout l’antimonïe qu’en ce sens qu’il en maintient les deux termes, sans contradiction, comme deux points de vue nécessaires et irréductibles de la pensée. Les philosophes qui admettent avec lui ï~ que la vie morale liée à Tidée du devoir, est suspendue à l’affirmation de la liberté, devaient être tentés d’échapper à ce’ dualisme. Si je c" suis oblige de faire de la -liberté la loi de l’être, d’où vient que ma r pensée soit condamnée à faire de la nécessité la loi des phénomènes ?. Ne-serait-il pas plus logique .de retrouver la contingence jusque dans le monde donné, de relier ainsi les lois de la connaissance- et. les ` lois de nature aux lois de l’action ? De cet effort pour réconcilier la t s pensée avec elle-même, pour accorder dans un même système la, > vie spéculative et la vie pratique, sont sorties-Ies philosophies de la f’ liberté. Quel que soit leur point de départ, si variées que soient leurs- -.r solutions, ces philosophies ont ce caractère commun d ?universaliser la liberté, comme les savants le- déterminisme de ne pas trancher le débat par un appel’ à la conscience ; mais, acceptant le •problème ̃ f tel que leurs adversaires le posent, de montrer que le réel et l’intelligil )le, loin de s’identifier avec le nécessaire, s’expliquent plus pleïnement dans l’hypothèse d’une contingence radicale. Le libre arbitre n’est plus considéré comme un fait exclusivement humain, qu’il suffit au psychologue de constater ; à l’intuition se substitue l’analyse des, lois de la nature et des lois de la pensée, qui des objections mêmes fait sortir des preuves nouvelles, en coordonnant tout un système à l’idée de l’activité indéterminée qui devient dans l’homme la ; ?; libre détermination de ses actes. Ainsi s’explique que. chaque philo- ° sophe pour point de départ prenne l’objection qui surtout le frappe, afin d’établir, en abordant la "difficulté de front, que si un peu de "7 réflexion éloigne de la liberté, une réflexion plus approfondie y ramène, et, par delà la nécessité qui est l’apparence, la conséquence, découvre dans la contingence le vrai principe de l’être et de la ̃ pensée. a. ~t

Substituant au dualisme kantien la primauté de la raison pratique, r dans .l’idée du devoir, qu’il met comme vérité première au début de toute spéculation métaphysique, Secrétan trouve d’abord la j S liberté ; mais philosophe chrétien, disciple de Schelling, préoccupé ` ï.