Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1* REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

poussés sans doute par des raisons moins générales que celles que nous invoquons ici ; toutefois leur tentative sera bien dans l’esprit de la dialectique. Plus nous élevons le nombre de nos catégories, et plus la coordination devient précise et étendue plus aussi notre vie intellectuelle s’enrichit. Et c’est encore pour cela que nous procédons du côté du temps comme du côté de l’espace. Nous y faisons un nouveau triage d’après le caractère de distinction des faits. Les moins distincts forment, en série décroissante, l’avenir ; d’autres, plus distincts, forment le passé d’autres plus distincts encore et qui semblent, par leur force et leur importance, sinon par leur clarté, appartenir aussi bien à la catégories des réels qu’à celle des idéels, forment le présent. Et pourquoi ne proposerait-on pas un jour, en vue d’une nouvelle abondance de faits, une quatrième dimension dans le temps ? Rappelons enfin que les deux principales catégories finissent par s’appliquer l’une et l’autre, soit aux mêmes objets, soit à différentes parties des mêmes objets, et qu’il en résulte comme une multiplication réciproque du temps et de l’espace, au plus grand bénéfice de la vie intellectuelle.

Sans sortir du concret, on peut aller plus loin encore. La coordination causale vient se greffer sur celle du temps et de l’espace. Est-ce, d’ailleurs, une coordination foncièrement différente de la précédente

? Non, c’est toujours la même, mais poussée à un nouveau 

degré et créant des solidarités plus rigoureuses. Déjà, dans le cadre du temps et de l’espace, chaque objet a reçu une place déterminée ; les dimensions y représentent des gammes de clarté et de distinction qui restreignent la possibilité des échanges. Cependant il reste à cet égard une certaine liberté. La coordination causale vient la faire disparaître. Elle ne laisse plus qu’une seule place possible pour chaque objet ; et lorsqu’un événement doit se reproduire, elle exige que ce soit dans le voisinage qui lui a été fixé. En d’autres termes, elle lui assigne un antécédent nécessaire, un coexistant nécessaire. C’est qu’elle s’autorise d’une connaissance plus avancée des choses ; c’est qu’elle a dépassé les simples rapports de clarté et de distinction c’est qu’elle a déjà constaté une certaine analogie de nature superficielle encore, il est vrai, entre les objets qu’elle lie. C’est aussi qu’elle a saisi entre eux des conjonctions frappantes ou très souvent répétées. Et l’on voit aussitôt les avantages qui en résultent pour l’extension de la connaissance. L’esprit, libre d’indécision sur les termes coordonnés, glisse plus rapidement le long de