Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
CRITON.dialogue philosophique entre eudoxe et ariste

qui prétendrait changer une partie sans toucher à tout le reste, comme est par exemple ce que l’on appelle la Providence, et que ce n’est pas sans raison qu’il considère qu’un événement qui ne tiendrait à rien et ne dépendrait de rien, et qui surgirait comme un intrus, sans que l’Univers tout entier en fût complice, tel que serait un miracle par exemple, doit être nié alors même qu’il serait perçu.

Ariste. — J’admire que les principes des sciences particulières se rattachent ainsi par des liens nécessaires à la nature même de la pensée, laquelle se trouve ainsi régler les conditions de tout ce qui a été, est et sera.

Eudoxe. — Je crois comme vous que la contemplation du nécessaire et de l’éternel donnerait à notre esprit la plus pure des satisfactions ; mais je n’ose, Ariste, m’abandonner à la joie d’avoir mené à bien une entreprise aussi difficile. Peut-être, en croyant démontrer les principes de toute science et de toute recherche, n’avons-nous enchaîné que des mots. Toutefois si, après y avoir fait réflexion, vous venez à cette conclusion que nous avons aujourd’hui perdu notre temps, n’en accusez que vous.

Criton.